L'histoire de ma vie
Family Portrait... Les Lorenzo sont sans nulle doute la famille la plus banale que la planète ait pu connaitre. Jules et Emily se sont rencontrés sur le campus de l’université. Classique comme rencontre. Une soirée. Un jeu de regards. Quelques sourires échangés. Un échange de numéros. Ils se sont ensuite recroisés à la bibliothèque, à la cafétéria, dans le parc où les étudiants révisaient et de fil en aiguille, ils se sont mis ensemble. Etrangement, cela ne surprenait qu’eux. Tout le monde semblait s’attendre à ça : c’était leur Destinée ou quelque chose comme de ce type. Bref, après leurs études, ils emménagèrent ensemble. Houston. Texas. Elle devenait comptable et lui devenait professeur de littérature dans un lycée du Texas. Le Texas. Drôle d’idée, n’est ce pas ? Mais cela correspondait parfaitement à l’endroit où ils rêvaient de fonder une famille. D’ailleurs, la famille Lorenzo fut rapidement composée d’Eddie (l’aînée), Howard et Franck (des jumeaux). Ces trois enfants apparaissaient comme la concrétisation de leur couple et de leur union. Après tout, c’est ce que l’on dit des enfants : ils sont le fruit d’un Amour. Et l’amour, ce n’est pas ce qu’il manquait au sein de la famille des Lorenzo à tel point que lorsqu’Emily sortit de la salle de bain et qu’elle posa le test de grossesse sur l’évier en jetant un regard à son époux … Jules se dit qu’il y avait bien trop d’amour dans cette maison.
« Mais c’est super ! » dit-il en s’approchant de son épouse pour l’enlacer à nouveau. Un enfant était toujours signe de bonheur. Quand il enlaça sa femme, il comprit qu’elle ne partageait pas vraiment son opinion. Pour elle, cela signifiait encore nausée, vomissements, contractions, peut-être une césarienne, congés de maternité… bref, elle ne voyait pour l’instant que les ennuis que cela allait causés.
« Tu es un grand malade Jules Lorenzo. Un quatrième enfant ? Et imagine qu’on a encore des jumeaux … qu’est ce qu’on va faire ? Et qu’est ce qu’on va dire aux enfants ? » Elle plongea son regard dans celui de son époux en arquant un sourcil. Les jumeaux étaient arrivés deux ans après Eddie mais ce petit dernier arrivait alors que l’aînée avait dix ans. Il allait falloir leur expliquer qu’à nouveau il y aurait un petit nouveau, un bébé, qu’il allait falloir partager une des chambres … Que les complications, elle ne voyait que les complications. C’est alors que Jules posa ses mains sur les joues de son épouse avant de lui dire doucement.
« On va avoir un bébé ! » Elle se le répétait comme si elle prenait enfin conscience de ce qui allait leur arriver. C’est à cet instant qu’elle sauta dans les bras de son époux en éclatant de rire. Ils allaient agrandir la famille. Une fois de plus.
Etrangement, les enfants étaient ravis de la nouvelle et Eddie espérait avoir une petite sœur pour ne plus être la seule fille de la famille. Les hommes étaient déjà de trop dans la famille mais … dommage, il s’agissait d’un petit garçon. Encore.
« Venez ! Approchez ! N’ayez pas peur ! » Allongée à l’hôpital depuis seulement un jour, elle se préparait déjà à sa sortie … et toute la petite famille était venue l’accueillir ou plutôt la préparer à quitter l’hôpital. James avait les yeux clos. Une véritable bouille d’amour qui faisait déjà le bonheur de toute la petite famille. Eddie s’approcha alors du petit et ne put s’empêcher de sourire alors que les deux frères grimaçaient. Eux, ils n’avaient pas encore ressenti le sentiment d’être grand frère et ils ne s’attendaient pas à ce qu’il soit si petit.
« Je vous présente Jules Mickael Lorenzo. Votre petit frère ! » La famille, au complet, put alors regagner leur maison. Ils y restèrent six mois avant de déménager dans une ville plus grande, dans une maison plus grande et c’est ainsi qu’ils se retrouvèrent à Tampa. Loin du Texas, ils commençaient une nouvelle vie tous ensemble.
Behind her eyes… James avait grandi, il était même devenu un jeune homme. Il vivait à Lemonsfield, loin de sa famille qui se voulait être assez possessive. D’ailleurs dès que sa mère sut qu’il y avait une demoiselle dans la vie de son fils cadet, elle ne put s’empêcher de l’harceler pour en savoir davantage sur elle. Comment s’appelait-elle ? Qui était-elle ? De où elle venait ? Qu’est ce qu’elle faisait dans la vie ? Bref, les questions dignes d’un inspecteur de la Police. James y répondait aussi posément que possible … puis, il racontait les détails à sa sœur ainée avec qui il était très proche. Il put lui confier qu’ils « vivaient » ensemble puisque la jeune femme faisait la navette entre les lieux de ses shootings et Lemonsfield. C’est ainsi que Saraphine entre dans sa vie pour ne plus jamais la quitter, pour son plus grand bonheur et celui de sa famille qui avait adopté la jeune femme.
France. Saraphine était parti … faire quelque chose dont James ne se souvient plus. Il était assis à table avec le frère et la mère de la demoiselle. Ils savaient que James avait une demande importante à faire à cette dernière mais il ne savait pas encore ce dont il s’agissait mais quand il sortit un petit écrin de la poche de son jean, la mère plaqua ses mains sur sa bouche. Un mariage. Il allait demander sa fille en mariage.
« Je pense que vous l’aurez compris, je compte demander la main de Saraphine et j’espère que cela ne vous pose aucun problème. » Le sourire amusé du frère de la jeune femme fut accompagné d’un coup de poing sur l’épaule comme pour lui faire comprendre qu’il avait son accord mais qu’il resterait dans le coin pour veiller à ce qu’il fasse les choses convenablement alors que la mère de Saraphine enlaça le jeune homme en étouffant un rire nerveux.
« Par vos réactions, je suppose que vous ne vous opposerez pas. » Puis, il rangea rapidement l’écrin dans sa poche puisque Saraphine était de retour. Lumineuse, elle ne se doutait pas de ce qui était en train de se tramer en coulisses. C’était d’ailleurs ce suspens, cette surprise qui excitait le jeune homme. La surprendre, voir ses yeux pétiller, dévorer son sourire, il n’attendait qu’une chose : sa réaction …
Les valises étaient prêtes. Les billets d’avion étaient déjà prêts. Ils décollaient le lendemain pour rejoindre leur petit nid d’amour. James avait le souffle coupé. Toute la famille était réunie pour le couple, avant leur départ. La mère de Saraphine lui lançait quelques regards pour vérifier qu’il n’avait pas changé d’avis alors que James se massait la nuque, passait une main nerveuse dans sa crinière. Bref, il ne savait plus où se mettre quand soudain, il se leva. Brutalement. Tous les convives posèrent leurs regards sur le jeune homme (ce qui eut le don de lui mettre la pression). Repoussant sa chaise, il se tourna vers sa petite amie.
« Saraphine. J’avais préparé un petit discours avec plusieurs citations qui auraient fait chic mais maintenant que j’y suis, que c’est le moment, je ne me souviens plus de rien. Tout ce dont je me souviens, c’est de cette première fois où mon regard s’est posé sur toi. Toi et ton sourire. Ton rire. Ta manière de toujours tout positiver. Toi et ton entêtement. Toi. Tout simplement. Je crois que depuis qu’on est ensemble, j’ai appris à te connaitre et à supporter même tes défauts les plus irritables et croyez-moi, elle en a. – il posa son regard sur les personnes présentes autour de la table –
Je peux enfin le dire, tu es celle avec qui je me vois fonder une famille, avec qui je me vois vieillir. Tu es celle que je me suis toujours imaginé. Et, c’est pour cette raison Saraphine que je te demande aujourd’hui – il posa un genou sur le sol –
Veux-tu m’épouser ? » Il n’avait pas bafouillé mais on pouvait facilement se rendre compte que le jeune homme avait prévu un plus beau discours … Il n’avait pas quitté sa femme du regard et quand elle lui sauta au cour avant de l’embrasser, il put lui passer la bague au doigt sous les applaudissements et félicitations de la famille de la jeune femme.
C’est donc fiancés que Saraphine et James prirent leur avion pour rejoindre Lemonsfield. Un mariage à organiser. Une vie à continuer. Heureux et soulagé, James ne pouvait s’empêcher de se répéter à quel point il avait de la chance.
But … « Je m’occupe du rangement. Et n’oublie pas de prendre une bouteille de champagne, j’aimerais bien pouvoir fêter ma demande … en privé avec la future Madame Saraphine Lorenzo. » lui avait-il dit avant de lui adresser un clin d’œil coquin. La jeune femme partait faire quelques cours pour qu’ils puissent manger les jours à venir. Revenus depuis quelques heures seulement, James allait s’occuper de vider leurs valises et de ranger les affaires qu’ils avaient emportées pour leur séjour en France. Sur son petit nuage, il ne pensait presque plus aux informations et aux soupçons d’ouragan. Et puis, que craignait-il ? Il était à l’abri, dans son petit nid d’amour. Une maison récente, solide. Il n’avait rien à craindre … si ce n’est que personne n’avait pensé aux arbres situés à proximité, surtout pas lui. Tout s’est passé si vite. James était en train de chanter sur une chanson des Guns and Roses quand un arbre s’écroula sur le toit de la maison. Heureux, il se retrouva rapidement prisonnier des débris. Sa tête ayant heurté violemment le sol, le jeune homme perdit connaissance … pour ne plus jamais se réveiller.
Plongé dans le coma, le jeune homme se battait pour survivre. Il se battait pour vivre. Pour sa femme, pour leur avenir.
Open your eyes ! Breathe !Soudain, un de ses doigts s'agita comme pris d'un spasme.