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Les gens aiment à croire que la vie est toujours plus simple lorsqu’on a de l’argent. Mais ca ne fait pas tout, je suis bien placée pour le savoir et c’est depuis que j’en suis enfin sortie que ma vie est meilleure. Un père issu de l’Upper East Side new-yorkais et une mère issue d’une famille bien plus modeste sont à l’origine de toute mon histoire. Leur rencontre n’aurait même pas dut se faire en fin de compte. Ils étaient de deux mondes différents et ce n’est que le hasard qui a forcé la chance et leur rencontre. Ils n’auraient pas dus non plus se mettre en couple, se marier ou avoir des enfants. Et pourtant je suis là, et je ne suis pas la seule pour prouver que leur amour était fort et tenait la route. Pourquoi je parle au passé ? Peut-être parce qu’au fil du temps j’en viens à me poser des questions et à me demander ce qu’il en est aujourd’hui. Ils tiennent l’un à l’autre c’est certain, mais rien ne semble plus pareil et à chaque seconde qu’ils passent ensemble on croirait qu’ils s’éloignent l’un de l’autre. Quoi qu’il en soit ce n’est pas la question à cet instant. Ce n’est pas d’eux ou de leur relation qu’il faut que je vous parle, mais de moi. Moi et mon histoire. Je suis la petite dernière des trois enfants que compte notre branche des Hawthorne. Bien entendu j’ai des cousins et cousines à coté et certains sont pour moi comme des frères ou sœurs, mais je n’ai qu’une sœur et un frère, de 6 et 4 ans mes ainés. Un frère et une sœur qui ont eut le privilège de faire de moi tout ce qu’ils voulaient. Jouant avec moi comme avec une poupée quand j’étais petite, rejetant la faute sur moi pour leurs bêtises, se moquant de moi dans les périodes où eux se sentaient mal. C’est à cause d’eux et de cela en grande partie que je ne supporte plus qu’on se moque de moi pour se sentir mieux. J’en ai bien trop souffert dans mon enfance et cela m’a suffit. Enfin tout cela c’est ce que je croyais jusqu’à il y a quelques années, jusqu’à ce que je découvre la réalité qui finalement est assez différente.

Voilà ce que je pensais être vrai. Je suis née un 14 février, autant dire le parfait cadeau de saint Valentin pour mes parents. Ils étaient déjà heureux avec leurs deux enfants biologiques, mais ils avaient l’impression de ne pas être encore une vraie famille. Ils pensaient que compenser les choses de cette façon aiderait, mais loin de là, ma venue n’a pas arrangé les choses, n’a pas fait de nous une famille plus réelle qu’elle ne l’était déjà auparavant. J’ai même l’impression que ca n’a fait qu’aggraver les choses et éloigner mes parents un peu plus encore. Je me revois encore à à peine 4 ans alors que tout le monde me pensait au lit. Je m’étais installée dans l’escalier pour observer ma merveilleuse famille, enfin c’était comme ca que je la voyais. Mes ainés étaient installés devant la télévision pour quelques minutes encore alors que nos parents mangeaient juste à coté. Il n’était pas rare que je me lève pour les regarder de mon escalier mais ce soir là a été marquant pour moi. Alors que mes parents s’adressaient rarement la parole durant le diner ou en notre présence, mon père a tenu à rappeler un détail insignifiant à ma mère. Un diner chez des amis ou quelque chose dans ce genre là a mis le feu aux poudres et a déclencher la plus violente dispute à laquelle j’ai put assister. Mes ainés n’ont pas bougés, pas bronchés comme si rien ne se passait juste à coté d’eux. Notre mère a finit par quitter la pièce alors qu’ils en étaient arrivés à se crier dessus, elle alla s’enfermer dans la cuisine où la scène continua une dizaine de minutes. C’est en pleurs que je l’ai vu ressortir de la cuisine ordonnant plus sèchement que jamais à mes ainés d’aller au lit. Ils se sont exécutés et j’ai rejoins ma propre chambre avant qu’on me remarque. Personne ne sait que j’ai assisté à cela et mes ainés n’ont pas semblés plus marqués que cela par ce moment. Je n’ai jamais compris cela d’ailleurs. Tout comme je n’ai pas compris la suite des évènements. Mon père a quitté la maison familiale durant deux semaines sans qu’on ne le voie jamais. J’avais alors l’impression qu’il nous avait abandonné et qu’il ne reviendrait jamais plus. Mais il est revenu, ce pour quoi j’avais longtemps prié, moi qui ne priais jamais. A cet âge je ne pouvais faire que cela et j’avais finit par me convaincre qu’on m’avait exaucé.

Mon père était revenu à la maison, tout est redevenu normal et la vie avait repris son cours comme si de rien n’était. A quelques détails près. Devant le monde mes parents sauvaient les apparences, jouant les couples heureux, mais en réalité ils vivaient des vies totalement parallèles, se croisant à peine et ne dormant même plus dans la même chambre. Je ne comprenais pas pourquoi les choses se passaient ainsi, jusqu’à ce que ma mère décide de m’expliquer les choses à sa façon lorsque j’avais 10 ans. Mes parents ne s’aimaient plus, ils vivaient encore ensemble pour nous, pour que leurs enfants n’en souffrent pas, mais ca ne pouvait plus durer. Elle tenait bon pour nous, mais cet univers où l’argent semblait mener le monde ne lui convenait pas et quelques mois plus tard nous emménagions dans une autre maison, moins grande et moins luxueuse, plus dans ses gouts et sans mon père. Personne ne voulait l’admettre, mais leur mariage était terminé. Devant le monde ils continuaient de se montrer ensemble et soudés pour nous et pour sauver les apparences et surtout la réputation des Hepburn. Jamais un couple de cette famille n’avait divorcé et il était hors de question que ca arrive un jour. Moins de 3 ans après notre déménagement, papa nous apprenait qu’il allait avoir un bébé avec sa nouvelle compagne et là on entendit enfin parler de divorce. Il voulait épouser la mère de cet enfant et ne le pouvait pas parce qu’officiellement il était encore marié. Les années qui ont suivit et jusqu’à aujourd’hui j’ai très rarement vu mon père, j’ai finit de grandir sans lui et je ne m’en suis pas moins bien portée. Ma mère avait dut recommencer à travailler même si papa nous donnait encore de quoi vivre largement. Les années passaient, l’enfance, l’adolescence, j’évoluais sans vraiment me poser de questions. Je prenais les choses comme elle venait sans chercher à tout comprendre. Je n’étais plus la petite fille de riche, mais on me voyait encore souvent comme tel. Je me battais contre cette image que tout le monde avait de moi travaillant dès que je le pouvais, faisant tout ce qu’il fallait pour ne plus avoir à dépendre de l’argent de mon père, quitte à me limiter à ce que maman pouvait nous offrir. Je n’ai pas été moins heureuse durant ces dernières années que les précédentes, bien au contraire. J’ai pu enfin comprendre la notion des choses et réaliser à quel point ma vie était vide à cette époque là et combien je ne comptais que sur l’argent pour tout faire pour moi.

Il y a un peu moins de 4 ans, maman a voulu changer totalement d’entourage et de vie. Mes ainés étaient déjà partis et faisaient ce qu’ils voulaient de leurs vies, et j’aurais put faire de même mais je ne parvenais pas à me résoudre à laisser ma mère. Nous nous retrouvions seules toutes les deux et je n’étais pas du tout contre l’idée de changer de vie, de partir de New York. J’avais des envies de voyages, de découvrir le monde et de tout changer autour de moi. J’ai saisit l’occasion qu’elle me proposait et nous avons voyagés durant ces dernières années, traversant les Etats-Unis et partant même quelques fois dans d’autres pays. J’ai découvert un nombre impressionnant de choses durant ces quelques années et je ne regrette pas, je ne regretterais jamais cette période. Nous étions installées à Miami depuis quelques mois et ma mère semblait enfin avoir trouvé sa place dans ce monde. Elle avait acheté une maison, s’était trouvé un nouveau travail et un compagnon attentionné avec elle comme avec moi. C’était parfait pour elle et elle ne semblait plus prête à bouger à nouveau. Mais moi j’en avais besoin. Je ne me sentais pas à ma place et j’avais du mal à me faire à l’idée d’avoir vécut si longtemps dans un mensonge. Car ce n’est effectivement que très récemment que j’ai compris que mes origines étaient loin d’être celles que je pensais. Je me croyais un membre à part entière de cette famille, mais ce n’était pas le cas. J’ai été adopté ou plus précisément recueillie. En réalité je suis une nièce de celle que j’ai toujours considérée comme ma mère. Sa jeune sœur était tombée enceinte alors qu’elle était trop jeune et irresponsable pour s’occuper d’un bébé et elle avait eut des jumelles. Elle avait put en faire adopter une, mais la famille qui s’était engagée pour la seconde ne voulait plus et elle s’était retrouvée prise au piège. Sa sœur, ma mère adoptive, avait saisit l’occasion qui se présentait à elle, elle qui voulait un autre enfant qu’elle ne parvenait pas à avoir. J’ai grandit dans un monde où j’ai été entourée de mensonges et je m’étonne aujourd’hui de rester qui je suis. En effet, je ne déteste pas ma famille de m’avoir mentit là-dessus, je ne leur en veux pas au contraire ils m’ont rendu heureuse, mais je ne me sentais plus à ma place auprès d’eux et de ma mère. Je cherchais un nouveau point de chute, un nouvel endroit où me rendre quand j’ai entendu parler de l’ouragan qui avait sévit et détruit quelques villes plus au nord de la Floride. C’était l’occasion rêvée pour moi qui ait toujours aimé venir en aide aux gens. Pouvoir participer à la reconstruction de cette ville et aider les gens, c’était tout ce dont je rêvais, juste ce dont j’avais besoin. Alors je n’ai pas hésité plus longtemps en entendant parler des volontaires qui arrivaient sur les lieux pour aider. Je suis arrivée quelques jours après l’ouragan et j’aide de mon mieux depuis ce jour, me construisant une nouvelle vie ici. Malgré le passé de cette ville et de ses habitants, je me sens bien ici et j’ai bon espoir d’y rester cette fois. Je tiens l’occasion de me faire la vie dont je rêvais depuis longtemps et je ne compte pas la laisser s’échapper si facilement.